L’Evangile Selon de Saint Jean
Le Diagonal, 1990
Des ors d’enlu–mineurs, des oppositions violentes de rouge et de jaune héritées des apocalypses Mozarabes, des anges et des démons, des saints et des patriarches, des croix, des ciboires, des chandeliers: de prime abord, l’œuvre de Jane Le Besque semble sortie droit de quelque Moyen Age pieux et barbare.
Pourtant, un premier examen des toiles nous révèle immédiatement dans ce foisonnement de symboles religieux des détails assez peu ‘catholiques’: les lèvres ourlées des anges sont d’évidence celles de femmes, les visages trop beaux, trop lisses des saints pourraient être ceux d’androgynes, les personnages bibliques représentés (parmi lesquels il arrive que l’artiste se mette en scène) ne sont souvent que pervers ou des prostituées. En fait, ce que propose Jane Le Besque n’est pas le retour à un art sacré, mais la relecture ironique de toute une iconographie qui révèle son étrangeté barbare.
Anglaise d’origine, l’artiste se comporte envers les thèmes de la foi occidentale comme les peintres de la Renaissance le iront envers ceux des religions gréco-latines: la religion judéo-chrétienne devient ici mythologie. L’enviro-nnement de l’artiste n’est d’ailleurs pas, étranger à ce processus : travaillant depuis trois ans à Toulouse, au pied du clocher de la Dalbade, le peintre se dit influencé par l’atmosphère de ce vieux quartier et avoue avoir cherché à se construire une “mentalité médiévale”. Elle est actuellement l’invitée de 1’assocition Vertical.
Diagonal Café
Pierre Le Coz
The gold of the illuminators, the violent contrasts of red and yellow inherited from the Mozarabic Apocalypses, angels and demons, saints and patriarchs, crosses, ciboriums, candlesticks: at first glance, Jane Le Besque’s work seems to come straight out of some pious and barbaric Middle Ages.
However, an initial examination of the drawings immediately reveals some rather un-Catholic details in this profusion of religious symbols: the lips hemmed with angels are obviously those of women, the saints’ faces, which are too beautiful and too smooth, could be those of androgynous women, the biblical figures depicted (among whom the artist sometimes stages herself) are often nothing more than perverse beings. What Jane Le Besque proposes is not a return to sacred art, but an ironic rereading of a whole iconography which, under her brush, reveals a very “modern” strangeness.
Of English origin, the artist behaves towards the themes of the Western faith as the painters of the Renaissance did towards those of the Greco-Latin religion: Christianity becomes here, in turn, mythology…
Extrait, Pierre Le Coz
